02/02/2018 - Réponse du bourgmestre à notre interpellation : la porte est entrouverte ?



Réponse du Député-Bourgmestre Philippe Pivin (LB) à l’interpellation citoyenne relative à « Koekelberg, commune hospitalière »

Mesdames,
Messieurs,

   Je vous remercie pour cette interpellation sur ce sujet de l’accueil des migrants dans notre pays et plus précisément dans notre Commune. A Koekelberg, nous y portons une grande attention d’autant plus depuis la crise migratoire de 2015.Madame Cohen, Conseillère Communale ici présente, avait d’ailleurs déjà porté la question lors de la séance de septembre 2015 de ce Conseil Communal.
   Vous dites être fiers de vivre dans une Commune dont la devise est « Koekelberg, où chacun se sent chez soi ». Vous avez raison. Et pour réussir cela et la cohésion sociale, il faut évidemment plus qu’une devise, il faut un travail concret en permanence. Cela nécessite une approche transversale au sein des services de la Commune et du CPAS, d’ailleurs la situation des migrants mobilise de nombreux services.
   Quelques chiffres pour recontextualiser la situation dans notre Commune. Il y a actuellement, à Koekelberg, 56 demandeurs d’asile, 258 réfugiés reconnus ou personnes sous protection subsidiaire et 6 Mineurs Etrangers Non Accompagnés. Cela représente 320 personnes qui sont donc en situation légale sur le territoire. Elles étaient 333 en 2016 et 355 en 2015.Nous disposons de 2 centres d’hébergement de FEDASIL et de logements mis à disposition par la Régie des Bâtiments qui permettent d’accueillir une quarantaine de personnes. Au niveau du CPAS, 100 migrants (MENA, Réfugiés, Protection subsidiaire) sont aidés financièrement cette année, alors qu’en 2016, 231 personnes ont bénéficié à Koekelberg de l’Aide médicale urgente, je rappelle que cette aide est octroyée aux personnes sans permis de séjour.
   
   Dans cette politique, comme dans d’autres, nous sommes évidemment tenus par des obligations légales. Les situations ne sont de plus jamais identiques, les raisons et les objectifs des populations en migration sont bien sûr multiples et diverses. La situation d’un réfugié qui a fui la guerre avec sa famille pour s’installer dans notre pays ne peut pas être comparée à celle d’une personne qui ne respecte les règles légales ou qui ne souhaite tout simplement pas l’aide des services publics, locaux, régionaux ou fédéraux. Cela se constate d’ailleurs de plus en plus, ces personnes sont appelées des migrants « de transit » car ils n’ont pas la volonté de s’établir sur le territoire belge mais, par exemple, en Grande-Bretagne.
   Il me parait important de rappeler cela comme il me parait important d’informer sur ce que nous faisons, depuis longtemps d’ailleurs, au niveau local.
En effet, quel que soit leur statut, l’accueil des ressortissants étrangers est accompagné, par notre service de Prévention et par le CPAS. Cela peut aller, lorsque leur statut le permet, jusqu’à l’organisation de l’inscription de leurs enfants dans les écoles, l’obtention des abonnements scolaires, de l’accompagnement dans leurs démarches administratives comme pour les traductions, mais aussi pour les besoins de premières nécessités au travers de l’accès gratuit à notre dispensaire ou encore pour de la nourriture ou des vêtements,…
   Précisément, cette année, les différents services de prévention ont principalement travaillé avec une dizaine de familles en provenance d’Irak et de Syrie, nos travailleurs sociaux ont d’ailleurs accompagné des personnes vers différentes structures d’aides comme le CPAS mais aussi Caritas ou vers l’asbl Le Vestiaire à la Basilique (pour des vêtements), etc.Je peux aussi vous préciser que, grâce au travail de notre médiation scolaire, une bonne dizaine d’enfants, ont été scolarisés dans des écoles de la commune en maternelle et/ou primaire (Institut des Ursulines et Swartenbroeks) et même en secondaire mais là dans une école à Anderlecht.

   Nous veillons aussi à ce que ces familles soient intégrées aux activités sportives, culturelles et de rencontres afin de favoriser leur intégration dans leur quartier. Stricto sensu, l’aide aux personnes réfugiées n’est pas un objectif spécifique d’un service de prévention communal, mais nous sommes convaincus que le travail auprès de ces populations est essentiel. D’ailleurs, nos travailleurs sociaux visent aussi à combattre les préjugés et plus généralement l’exclusion. Notre commune a également signé en 2015 un contrat quinquennal de cohésion sociale avec le SPFB (service public francophone bruxellois) et six associations koekelbergeoises notamment pour développer des actions d’alphabétisation et d’apprentissage du français mais aussi pour aider dans les démarches socio-juridiques les personnes qui en ont besoin. Cela en complément du travail communal.
Je peux vous citer l’association « Les Amis d’Accompagner »  qui bénéficie dans ce cadre d’un subside de plus de 30.000 € et qui travaille sur les thématiques de la régularisation, du logement, des ressources ou même de la compréhension des procédures.
   
    Nous avons créé, au sein du CPAS, le service Koecoon, justement pour coordonner tous les services et le tissu associatif communal actif dans le domaine à Koekelberg. Ce sont des structures qui fonctionnent bien, à dimension humaine, et qui offrent une grande flexibilité d’action. C’est un vrai travail de proximité, au cas par cas.
Il ne faut pas non plus oublier nos services communaux de l’Egalité des Chances et de la Solidarité. Ceux-ci ont notamment pu organiser une campagne de sensibilisation à la diversité alors que plusieurs milliers d’euros sont octroyés chaque année au travers du budget communal pour des associations actives dans la coopération internationale comme le CNCD (Centre National de Coopération au Développement) ou à des œuvres sociales telles que l’Armée du Salut.
    
      Vous le voyez, nos actions à destination des migrants et de ces populations sont très larges, bien évidemment dans la mesure de nos possibilités et de nos capacités locales.
Je pense pouvoir vous dire que ces situations particulières, et parfois humainement difficiles, sont maîtrisées par nos services communaux dans la limite de leurs compétences. Ce travail n’est pas simple, nos agents sont formés et ils réalisent un travail très professionnel, je tenais à le rappeler ici.
Attention, je ne vous dis pas que tout va dans le meilleur des mondes, il est évident que le travail doit se poursuivre.

     Mais, faut-il ajouter à ce travail concret de terrain des motions symboliques ? Très sincèrement, je n’en suis pas convaincu et précisément pour ce qui concerne le texte de motion que vous avez joint à votre interpellation, je trouve que celui-ci donne beaucoup trop l’impression que nous découvririons ces situations ou que rien ne serait fait. Votre texte fait l’impasse sur le travail de nos agents communaux réalisé au quotidien.

   Je ne ferme pas pour autant la porte à une telle déclaration d’intention, mais si nous décidions de nous orienter dans une telle rédaction, dans ce cas, elle devra s’envisager avec l’apport et l’écoute de tous nos travailleurs de terrain, des services administratifs, du CPAS et du service de Prévention. C’est à cette condition et dans ces limites que nous pourrions faire quelque chose de constructif dans les mois à venir.